Respirer davantage et avoir un effet contre-productif… est-ce possible?

Bien respirer n’est pas synonyme de beaucoup respirer. Un cycle respiratoire ( = 1 inspiration + 1 expiration) peut être long ou court; l’amplitude thoracique - donc pulmonaire - peut être petite ou grande et la respiration peut être audible ou inaudible. La respiration ”idéale” est celle qui s’adapte à notre activité et à notre besoin personnel du moment, avec l’amplitude et le volume nécessaires afin que chaque cellule reçoive l’oxygène pour créer - en lien avec les éléments tirés de notre nourriture - notre énergie de base permettant d’entretenir notre corps, ET notre énergie de Vie, donc notre potentiel énergétique. Clair que la qualité de notre nourriture peut aussi influencer le fait que nous soyons plus ou moins vite essoufflé… mais ceci ne rentre pas dans le cadre de cet article.

LE PRINCIPE DE DANIEL BERNOULLI

Daniel Bernoulli – physicien, mathématicien et médecin suisse du XVIII siècle – démontre que lorsqu’un fluide – air ou eau – passe rapidement entre 2 parois, il y a une diminution de pression qui fait se rapprocher ces parois, donc diminuer la distance entre elles. Le résultat final est un frein au passage de ce fluide, qu’il soit aqueux ou aérien.

Cette vidéo dès la minute 1:11 l’illustre bien par divers exemples.
Imaginez une respiration constamment rapide et/ou volumineuse… et c’est peu à peu tout l’arbre bronchique (l’ensemble des structures véhiculant l’air inspiré et expiré, entre le larynx et les alvéoles pulmonaires) qui est rétréci, resserré, contracté, comme aspiré en dedans par l’air qui y circule trop vite et trop souvent. Respirer devient de plus en plus difficile sans devoir y faire un effort, la dépense par rapport au gain est disproportionnée. Le rapport vital entre l’oxygène (dans l’air inspiré) et le gaz carbonique (dans l’air expiré) est perturbé. Tout comme l’oxygène est important pour vivre, le gaz carbonique a son utilité dans le maintien de notre équilibre acido-basique (pH).

La réponse à la question du titre est donc: OUI, RESPIRER DAVANTAGE PEUT AVOIR UN EFFET CONTRE-PRODUCTIF.

INFLUENCE DES ÉMOTIONS

Les émotions négatives – le souffle est un conduit pour les émotions -, des passages de vie mal vécus, le stress, la consommation abusive d’alcool ou de certains médicaments, diverses maladies etc., occasionnent de plus une respiration haute, là où les échanges respiratoires sont le moins rentable, où anatomiquement déjà il y a moins d’espace; la respiration devient courte et plus ou moins abondante, rapide et plus ou moins bruyante, saccadée, et fatigante pour l’organisme; c’est une recherche constante d’air qui va en s’accentuant et menant à l’HYPERVENTILATION, avec son cortège de symptômes possibles: palpitations, bouche sèche, fatigue, manque de concentration, douleurs thoraciques, vertige, etc. Le principe de Bernoulli est alors vécu au quotidien dans son propre organisme.

SOLUTIONS

Détendre, ouvrir, donner de l’espace, ralentir le flux respiratoire et créer les conditions favorables à un épanouissement respiratoire optimal là aussi où les alvéoles sont aussi plus nombreuses, sont les solutions salvatrices.
En suivant le trajet de l’air cela commence par la liberté nasale, la mobilité de l’espace laryngo-pharyngé, l’hygiène pulmonaire et l’amplitude thoracique lié à un juste mécanisme respiratoire. Dit en bref.

Des exercices simples à faire régulièrement, aussi comme en réflexe, peuvent être salvateurs. Vous en trouvez dans mon livre ”Exercices respiratoires pour mieux enChanter sa vie, prévention et soins” (Denise K-B):  la brève théorie liée à des exercices illustrés permet la compréhension rapide des principes de bases. Après l’avoir un peu ”potassé” et exercé, je peux vous accompagner lors d’un rendez-vous privé via Skype.

En situation de sport ou pour toutes professions où l’effort est soutenu avec des tensions répétitives, ce rétrécissement des conduits respiratoires peut aussi apparaître. Cela est d’autant plus préjudiciable lorsque l’effort se fait dans un environnement froid (ski de fond ou travail en chambre frigorifique par exemple), car le froid favorise naturellement la contraction de toute nos ”tuyauterie” et peut augmenter encore ce rétrécissement. Il n’est pas rare que de grands sportifs deviennent asthmatique – nom générique donné à divers maux – suite à une mauvaise gestion de leur respiration en situation d’efforts soutenus et répétés.

Respirer davantage, dans le sens positif du terme, correspond plutôt à une respiration lente, régulière et sans bruit, où le diaphragme – principal muscle respiratoire séparant la cavité thoracique de la cavité abdominale – donne la limite – et fait en même temps le lien – entre les cavités thoracique et abdominale. Sur ce diaphragme se situe le coeur. Donc tout mouvement du diaphragme, que votre respiration soit ample, courte, rapide ou saccadée, aura une incidence sur le travail du coeur. Respirer davantage et avoir un effet contre-productif sur le coeur, c’est malheureusement aussi possible. Des pistes d’améliorations existent, et nous pouvons en parler ensemble.